Ouessant – Patrimoine

Le Phare du Creac’h, bien plus qu’une tour.

Patrimoine culturel matériel ou immatériel. L’association CALI a débuté en 2023 à l’occasion des ses 25 ans,  un chantier de collecte et de transmission du patrimoine culturel de l’île d’Ouessant. Soucieuse d’éviter les fausses interprétations, elle rassemble par ses acteurs ouessantins des informations, et organise des conférences et des publications.

2025 : nous collectons les textes littéraires pour dévoiler à tous que le Phare du Creac’h, menacé dans son intégrité patrimoniale par une décision nationale de janvier 2025, n’est pas seulement une tour à feu, fonctionnelle et essentielle à la navigation maritime, mais également une inspiration vivante des écritures contemporaines.

Nous publions ici les textes offerts par les écrivains ou les anonymes qui le souhaitent afin d’adresser aux pouvoirs publics un autre éclairage que celui des révisons des politiques publiques.  Nous avons sollicité le 28 février 2025, le Ministère de la Culture pour la prise en compte des éléments culturels essentiels de ce phare breton connu de tous les marins du monde.

Avec leur accord, tous les poèmes offerts par les écrivains à l’occasion du Festival de Littérature Insulaire. Ouessant seront publiés un à un. Des écrivains écrivant sur notre Phare, #ouessant car ce n’est pas que du matériel une tour de feu. Merci à eux et tout particulièrement aux écrivains venus en résidence de création avec l’association culture, arts et lettres des îles.

Hommage au Creac’h. Poème de Lucille DAULY.

« Tu chantes une lumière douce pour la peau des marins et des cétacés
pour la peau de l’eau aussi
douce douce ta lumière
Tous te répondent
parce que tu les caresses
de ta voix blanche
La nuit derrière
ton rideau
se prépare au spectacle
quand derrière la vitre
je t’écoute
le nez écrasé et le front abolissent la distance
entre le monde et moi
entre mon corps et les éclats
de verre
entre ma peau et celle des marins
une lentille qui inonde
de lumière
jusqu’à la transparence
En bas
le ruisselet va à la mer
si les cruches des mères et des enfants ne l’arrêtent pas
il court il te suit jusqu’au large
Ta lumière le défie
ruisselle dans mes vaisseaux
C’est le moment du départ, l’heure
de se dire au revoir
d’abandonner les berceaux
A demain ?
Et si un cri s’échappait que la nuit gagnait
Que se passerait-il ?
Quelle couleur demain quand tu te seras tu ?
Chante encore
Chante
Tu berces comme tu effraies les visages dans la roche les troncs dans la roche les bras et les bouches qui avalent les bateaux
Tu sais
leurs ventres qui battent de femmes et d’hommes en attente
du retour
Ils battent
Et tu mages
Oh ! Des étincelles au bout de ta baguette transforment la surface de l’eau
sous laquelle nous nous couchons chaque soir
confiants
quand même
en tentant de se dire bonne nuit
A demain ?
Nous tirons à nous les grandes marées de couvertures
Tout bouge tellement la nuit
est-ce que tu réalises comme tout bouge ?
Les jambes se découvrent et s’élancent, la nuit, les unes vers les autres
les jambes sont parfois douloureuses
La vie grouille la nuit quand tu chantes la vie danse alentours
La vois-tu ?
Ou bien t’aveugles-tu toi-même ?
Dans tes hautes notes
Je t’écoute
J’entends, souvent, à l’heure où
le jour s’en mêle
quand il pousse son premier cri
j’entends
des agneaux qui naissent
ils te répondent
qu’ils vont grandir
et ils essayent
vraiment
de tenir leur promesse »

Hommage au Creac’h. Poème de Fabrice REYMOND.

Si la tête de Prométhée
sans vergogne vous éteignez
de la Calédonie fâchée
Viendra le tricot rayé
du Creac’h frère bien aimé.